Abstract: | Depuis 1993, l'auteur a entrepris de procéder à un état des lieux de la photographie de studio dans une ville secondaire de l'intérieur de la Côte d'Ivoire (Bouaké) par le recensement de l'ensemble des photographes, sédentaires ou non, en activité dans cette ville. Dans cet article il analyse la pratique de la photographie de studio à Bouaké avant et après le bouleversement occasionné par l'avènement de la photo en couleurs au début des années quatre-vingt. L'évolution des conditions de production du portrait photographique est mise en parallèle avec celle des codes esthétiques réglant la mise en scène des sujets. À la suite de l'introduction de la couleur, les praticiens de studio ont été privés de la maîtrise du processus technique par les laboratoires tandis qu'une nouvelle catégorie de photographes dits ambulants s'emparait d'une part importante du marché de la prise de vue. La situation actuelle est caractérisée par la marginalisation professionnelle des praticiens de studio et la désaffection du public pour le rituel photographique, un phénomène qui reflète l'émergence de constructions identitaires plus individuelles que collectives. En conclusion, l'auteur s'inquiète de la disparition d'un inestimable patrimoine culturel trop longtemps ignoré par la recherche africaniste. Bibliogr., notes, réf., rés. en français et en anglais. |