Abstract: | Dans ses écrits, Sony Labou Tansi apparaît comme un écrivain engagé exemplaire, dénonçant l'arbitraire et les dictatures africaines. Mais sa vie privée locale, à Brazzaville (Congo), révèle un engagement politique tourmenté et complexe qui se traduit par un activisme militant déroutant. À la simple lecture de son oeuvre, les lecteurs de l'écrivain ne se rendent pas compte qu'au-delà de son discours universaliste à destination de l'Occident, il affecte un piétisme qui mêle christianisme, kibanguisme, matswanisme et culte des ancêtres, tandis que son opposition politique baigne dans la culture kongo, son ethnie d'origine, idéalisée et perçue comme victime des régimes qui se sont succédés dans le pays. En cette période d'ouverture démocratique, l'écrivain reste fidèle à ses représentations contradictoires du monde en devenant membre fondateur clandestin du parti de Bernard Kolélas assimilé à Moïse, venu délivrer le peuple Kongo (le MCDDI, mouvement congolais pour la démocratie et le développement intégral). Ses contradictions font partie intégrale du personnage, qui reconnaît sa part de responsabilité dans la maladie qui l'a emporté. Bibliogr., notes, réf., rés. en français et en anglais (p. 13). |